Le glaucome est une pathologie dégénérative chronique du nerf optique. C’est la deuxième cause de cécité dans le monde [1]. On estime qu’en 2040, il y aura 110 millions de patients glaucomateux [2]. Le diagnostic précoce du glaucome est très important, afin d’éviter la cécité irréversible [3]. Le diagnostic est multimodal [3], avec le fond d’œil qui montre des altérations typiques de la tête du nerf optique et des fibres, et souvent avec une pression intraoculaire (PIO) élevée, entre autres facteurs. La pachymétrie, la tomographie à cohérence optique (optical coherence tomography, OCT) et les champs visuels sont des examens complémentaires fondamentaux pour le diagnostic du glaucome [3]. La sévérité du glaucome est souvent définie avec les critères de champs visuels de Hodapp-Parrish-Andersen [4]. Selon ces critères simplifiés, le glaucome peut être classifié en débutant (avec déviation moyenne du champ visuel, MD, de 0 à −6 dB), modéré (MD de −6 à −12 dB) et sévère (MD < −12 dB). La progression du glaucome est généralement identifiée par les champs visuels [3], [5], ainsi que par la progression des altérations de la tête du nerf optique, des altérations de la couche des fibres nerveuses rétiniennes, aussi identifiées par l’OCT [3]. Les champs visuels (CV) sont des examens parfois difficiles et longs à réaliser, et source de stress pour les patients [6]. Il est donc important de développer des examens qui puissent compléter le diagnostic du glaucome et permettre un diagnostic plus précoce.
L’OCT-angiographie (OCTA) est une technologie non invasive, utilisant l’OCT avec une lumière infra-rouge, sans radiations ni effets indésirables, pour évaluer en quelques secondes la vascularisation du fond d’œil, de la rétine et de la papille optique, ce qui pourra être utile pour le diagnostic du glaucome [7]. La technique de l’OCT-angiographie est basée sur une acquisition de différentes coupes par OCT. L’OCTA permet, à travers plusieurs OCT consécutivement obtenus, de détecter, avec l’utilisation d’algorithmes complexes d’optique, la différence entre ces clichés, qui provient de la circulation rétinienne (des particules en mouvement, notamment les globules rouges) [7]. En conséquence, il est ainsi possible de visualiser et quantifier la microcirculation dans les tissus oculaires, notamment la rétine et la papille optique. Une méta-analyse récente [8] a montré une densité vasculaire (DV) diminuée dans le glaucome, donc l’OCTA peut être utile dans le diagnostic précoce du glaucome. De plus, cette densité vasculaire diminue avec le temps et la sévérité du glaucome, comme identifié dans une seconde méta-analyse de l’OCTA dans le glaucome [9]. Cependant, les valeurs de DV obtenues étaient différentes selon l’appareil [10]. De plus, aucune étude avec l’appareil OCT Triton (Topcon®) n’a été considérée dans l’analyse. Les auteurs ont suggéré le développement d’un logiciel dédié [10], qui permettrait l’évaluation de la DV avec différents appareils pour une évaluation plus indépendante et valide. D’autre part, de récentes études suggèrent que la capacité diagnostique de l’OCTA peut être supérieure à celle de l’OCT [8], [11], et que l’OCTA peut être plus utile à la détermination de la sévérité du glaucome que l’OCT [8], [12]. Il est donc nécessaire d’évaluer les nouveaux examens complémentaires de diagnostic, surtout s’ils sont non invasifs. Cette étude a donc pour objectif de comparer l’utilité diagnostique de l’OCTA avec les examens complémentaires standards du glaucome (OCT et CV).
Notre objectif principal a été de comparer la densité vasculaire papillaire (DV) chez des patients présentant un glaucome par rapport à une population saine. Nos objectifs secondaires ont été de déterminer si la vascularisation de la papille est différente selon la sévérité du glaucome, si la vascularisation est différente en fonction des régions de la macula, et d’évaluer les performances diagnostiques de l’OCTA par rapport aux examens complémentaires classiquement réalisés dans le cadre du diagnostic du glaucome (OCT et champs visuels).
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