Au fil des années et des décennies, les sociétés humaines se sédentarisent de plus en plus, au point d’engendrer un déconditionnement corporel sans précédent. Parallèlement et de manière non indépendante, les modalités et les habitudes nutritionnelles ainsi que les produits alimentaires se sont modifiés. Ce couple, activité physique – nutrition, constitue un des principaux déterminants de santé dans le monde [1], [2].
Récemment, dans ces mêmes populations touchées par ces changements profonds, s’est développée une pratique sportive accessible au plus grand nombre, comportant des spécificités lui conférant un caractère unique : l’ultratrail [3].
En effet, cette activité d’ultra-endurance, qui diffère d’autres activités sportives ou de loisir moins intensives, plus courtes ou faisant intervenir différemment les systèmes énergétiques et musculosquelettiques, a la particularité d’être pratiquée par des populations diverses, avec des conditions physiques, des connaissances, des expériences et des modes de vie variés [4], parfois très éloignés de ceux des sportifs d’ultra-endurance pour lesquels les connaissances scientifiques se sont développées et les recommandations ont été formulées [5]. Ces dernières, initialement issues du domaine militaire ou du sport professionnel ou semi-professionnel, sont ainsi à bien des égards, inadaptées aux ultratraileurs compétiteurs de caractéristiques physiques, psychosociales, et comportementales très différentes. De plus, les études épidémiologiques nutritionnelles en course à pied concernent souvent des distances inférieures ou égales au marathon et celles en ultratrail, des distances des courses les plus réputées (100 miles) ou de longueur les plus importantes, ce qui engendre un manque de données sur des distances comprises entre 50 et 110 km [6].
Des recommandations nutritionnelles, notamment pendant les compétitions, ont pu être récemment établies, mais on observe que les pratiques réelles en sont très éloignées [7], [8].
Il paraît donc essentiel d’apporter des données observationnelles chez ces pratiquants d’ultratrail en intégrant notamment la grande partie non licenciée, et d’influence hétérogène, et d’associer les notions de performances court-termistes à celles de santé, plus globales.
L’objectif principal de cette étude est de décrire les comportements alimentaires et les apports nutritionnels et hydroélectrolytiques en période pré-, per- et post-compétitive, ainsi que l’influence de cette pratique sportive sur les habitudes alimentaires en rapport avec la santé, dans une population d’ultratraileurs compétiteurs.
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